La «magie» du temps des Fêtes

le Grincheux qui passe d'un sourire à un air détestable

La «magie» du temps des Fêtes

Cher Père-Noël,

j’vais y aller droit au but, car je sais que tu es bien occupé en cette période festive de l’année. J’suis pas certaine d’aimer la fête dont tu es le héros, pis j’aimerais ça qu’on en jase ouvertement. Cette année, je t’ai dressé une liste de suggestions un peu différente des années antérieures. Mais, comme on est en 2018 et qu’on a évolué depuis le temps où t’es né, j’pense que la divergence d’opinions, ça ne te fait plus peur et que tu es prêt à accueillir – voire considérer – mes idées nouvelles. Sans plus tarder, voici ma liste de suggestions :

Premièrement, j’comprends pas pourquoi Noël aurait sa place sur le calendrier chaque année alors que les Jeux Olympiques – qui sont beaucoup plus excitants, soit dit en passant – sont prévus aux quatre ans. Pis, tu sais quoi ? C’pas vrai que j’vais me lamenter sans apporter de solutions aux problèmes. J’me suis promis que mon blogue ne serait pas synonyme de négativité. Je propose donc qu’on déplace Noël le 29 février. On célèbrera le soixante-sixième jour de vie du p’tit Jésus plutôt que celui de sa naissance, c’est tout ! C’est avec ferveur que je me positionne en faveur de l’égalité des différents évènements et, croyez-le ou non, avec cette mini modif, on vient de se sauver de trois Noëls sur quatre. Boom ! Qu’est-ce que t’en penses, l’père ? Oh well…

 

 

Deuxièmement, j’peux comprendre que certains trippent sur les décorations de Noël et que l’envie leur pogne, chaque mois de décembre, de métamorphoser leur salon pour être dans l’ambiance. J’suis pas une fan, je n’ai pas de sapin ni de décoration, mais ça ne m’incommode pas, alors j’suis en paix avec ça. En revanche, la musique de Noël, ça, c’tune autre paire de manches pis il faut qu’on en jase. J’suis pas mal certaine que le cerveau qui a développé l’idée du commerce en ligne est celui d’un être qui voulait à tout prix éviter de fréquenter les centres commerciaux pendant le mois de décembre. Je tiens à souligner que les magasins et les stations de radio ne nous bombardent pas de musique québécoise tout le mois de juin à l’occasion des festivités de la Saint-Jean-Baptiste. Ça dure une journée, that’s it ! Toujours dans l’optique de prôner l’égalité entre les différentes fêtes de l’année, je suggère que la musique de Noël, on garde ça pour chez nous. Bon compromis, non ? 

 

 

Troisièmement, j’aime pas l’idée des cadeaux de Noël. J’aime donner des cadeaux, certes. Plus qu’en recevoir, même. Mais pourquoi DE NOËL ? Ça pas rap ! J’rêve du moment où on s’offrira des présents à n’importe quel jour de l’année sans que ce soit attendu ni interprété comme étant bizarre. «Tiens, j’suis allée magasiner cette semaine et j’ai vu ça. Ça m’a fait penser à toi, alors je te l’ai acheté !» «Hein ? Mais en quel honneur ?» «Eh, parce que je t’apprécie, c’est tout !». C’est ÇA un vrai cadeau, non ? Ça, une sortie, une présence ou un petit quelque chose fabriqué à la main, tout simplement. Pas un je-ne-sais-quoi qu’on écrit sur une liste, qu’on s’attend à recevoir ou qu’on est déçu de ne pas déballer à une date précise. Par contre, afin d’éviter que j’aie l’air cheap à Noël l’an prochain – oups, dans deux ans; la prochaine année bissextile est prévue pour 2020 – il faudrait qu’on adopte cette idée en gang et qu’on bannisse les cadeaux de Noël tout le monde en même temps. Pas de panique, l’père, malgré cette importante diminution de travail, on ne touchera pas à ton salaire. Tentant, non ?  

 

 

Finalement, les becs du temps des fêtes, c’est tu vraiment nécessaire ? Soyons honnêtes, qui aime ça la propagation de microbes, les traces de rouge à lèvres de matante Cécile et l’odeur d’la crème à barbe de grand-père imprégnée sur la peau à la suite de la tournée de bécotage de bienvenue ? Comme si c’était pas suffisant, il faut répéter l’expérience après l’échange des fameux cadeaux, puis avant de se quitter. À vrai dire, c’est comme si on nous imposait un trois services qu’on n’a jamais commandé et encore moins souhaité. Tant qu’à moi, un high five – surtout avec grand-mère – ferait la job ben en masse !

 

 

Parallèlement, quand il s’agit d’une célébration entre amis, y’a toujours quelqu’un qu’on ne connait pas dans le lot, mais qui semble connaître l’entièreté de notre cercle d’amis. Quand cettedite personne quitte, elle embrasse un à un les invités et plus elle nous approche, plus on appréhende. Lorsque notre tour arrive, inévitablement, un malaise s’installe. «Je l’embrasse tu ? Je l’embrasse tu pas ? »  Généralement, on finit par s’avancer par politesse et, souvent, au même moment, l’invité mystère continue sa tournée vers la prochaine personne. Refusant de s’avouer déjoué, on continue alors notre élan, prétendant qu’on s’apprêtait à attacher notre soulier. Non, mais c’est vrai ! Qui n’a jamais vécu ce grand malaise ? On vit dans une société démocratique, donc je me plierai aux volontés de la majorité, mais qu’on passe au vote une fois pour toutes !

 

 

Bref, j’aurais encore quelques crottes sur le coeur à te divulguer, mon vieux barbu, mais quand j’écris, je m’emporte, et les mots se multiplient rapidement. Plutôt que de les ajouter à ce texte déjà trop volumineux, je te les glisserai dans le creux l’oreille lorsque j’irai me faire photographier avec toi au centre d’achats. Les changements que je propose n’étant pas encore officiellement adoptés de tous, je me dois de me conformer aux normes et d’aller finaliser mes cadeaux.  

En terminant, je voudrais te partager ma plus récente trouvaille : en analysant l’état de mon compte de banque dernièrement, j’ai pu constater la disparition de quelques centaines de dollars. Cela dit, je crois avoir enfin compris pourquoi, à cette période de l’année, on fait référence à l’expression « La magie du temps des Fêtes » !

 

 

À bientôt l’père,

Annabelle 

P.S. J’en profite pour t’aviser que mes activités professionnelles feront relâche deux semaines pendant la période des Fêtes. Si tu me téléphones pendant mon absence, tu constateras que j’ai délégué Beau dommage pour t’informer qu’on se r’verra le 7 janvier !

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